Observatoire National des Cultures Taurines

Observatoire National
des Cultures Taurines

Lorsque Prosper Mérimée, à la fin du XIXe siècle, a raconté à ses lecteurs une corrida, faisant entrer, pour la première fois, les toros dans la littérature française, il n’a pas, pour autant, fait œuvre de critique taurin. Gregorio CorrochanoLe genre a été long à trouver sa véritable dimension. Certains s’accordent à reconnaître comme premier critique Gregorio Corrochano (photo ci-contre). Si la guerre du Rif avait fait connaître son nom dans les colonnes d’ABC, ce sont ses « papiers » taurins qui lui apporteront sa renommée. Il y avait donné toute sa connaissance du toro, de la technique des hommes et surtout une certaine flamme dans sa prose… Il fut un des premiers à s’approcher d’une veine littéraire, sans jamais oublier l’arène, et fustigeant, s’il le fallait, le toro et le torero. Gregorio Corrochano garda tout au long de sa vie une belle modestie. N’écrivait-il pas après la mort de José Gomez « Joselito » « Qu’est-ce que toréer. Je ne le sais pas. Je crus que Joselito le savait et j’ai vu comment un toro le tua. »

K-Hito par lui-même

Ricardo Garcia « K-Ito », enrichit la critique taurine de l’élan du bon mot, d’une vision personnelle sans jamais témoigner de cruauté ou manquer de respect.
Le vingtième siècle était ouvert pour mettre, en une sorte de mano à mano, pendant quelques années, deux monstres du journalisme taurin. Deux plumes radicalement opposées… Vicente Zabala et Alfonso Navalón. Le premier était d’une rigueur et d’un sérieux poussé à l’extrême. Il savait s’enflammer sur l’art de Curro Romero et il connaissait les toros. C’était propre et sérieux. A l’opposé Alfonso Navalon est entré dans ce monde pour asséner sa vérité. Un nouveau style apparaissait… tout dire. Mais de sa façon d’écrire Alfonso Navalon disait : « Il faut exercer la critique avec rigueur, savoir et courage. Presque personne n’ose critiquer ceux qui ont le pouvoir et presque tout s’acharnent sur les plus faibles. Il y a beaucoup de couards et de ‘manges-merde’ qui se font passer pour des critiques. »

Entre ces tempérances et ces excès, où doit se situer la critique taurine ? Elle doit s’appuyer sur une connaissance sans faille du toro de combat, de façon à comprendre et à pouvoir expliquer ce qui se passe sur le sable. Elle doit pouvoir être indépendante de toutes les pressions, des empresas, des clubs, des municipalités qui veulent et professent que personne ne sait organiser de corridas à part eux. Enfin elle doit  toujours faire preuve de mesure car l’excès n’a jamais rien prouvé !
Mais il faut maintenant se demander où doit s’écrire la critique taurine. Depuis longtemps la vieille dame Toros a prouvé son indépendance. Les quotidiens cherchent autres chose, ils doivent flatter leurs lecteurs qui ont passé une si belle après-midi de toros, même s’il n’y a eu qu’une mono-pique homéopathique et des cornes outrageusement afeitées. La critique qui condamne les manquements à l’éthique, n’a plus toujours droit de cité dans les médias actuels, même s’ils clament leur indépendance.
Et si l’aficionado que l’on forme et qui se forme était le meilleur critique taurin que l’on puisse imaginer ?